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LES ARTS ET LA VIE.


À dix sept ans, on prend le chemin de fer aérien. Sur deux fils d’argent tissés par l’aurore, sur les deux plus beaux rayons d’or du soir, la glissade est aisée, vertigineuse autant qu’exquise.... Et on n’a pas le temps de dire, comme en extase (ma parole, extase, c’est cela !) : ma pipe... le crépuscule..., cette rêverie..., là bas !... que déjà on s’ébat parmi l’Inde d’un poëme, l’Arabie des conteurs, le Congo des voyageurs... Enivrements innocents !. Sport facile ! Oh ! que vagues imaginations !.. On visite des pays et on les aime, comme on atteint la femme à cet âge dont le souvenir fait plutôt pleurer du plus agréable attendrissement que férocement rire... La femme à un grand f, et on gémit après sans même la désirer, et on y pense sans être capable de l’imaginer. C’est le roman. Le roman règne sur nous ! Il parle de l’amour et des pays, et l’un et les autres que nous ignorons, que nous sommes inaptes