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NOTES.

Début d’une chronique littéraire du Thyrse, mai 1906 : “L’Espagne en Auto par Eugène Demolder. Ce titre déjà a quelque chose de cavalier….”

Merveille qui s’ajoute aux merveilles du monde,
Triomphe du génie et gloire du travail,
Le Simplon est à nous ! Par sa brèche profonde,
Les peuples voleront à leur tâche féconde
Sur les ailes du rail.

Ces vers d’une belle envolée (comme dit le journaliste qui les cite) élégants, discrets et pleins de raison comme un discours parlementaire, sont d’un poëte suisse appelé Virgile Rossel. Virgile ? Voilà un prénom qui désormais nous sera familier comme Jean ou Casimir. Un romain le porta ? Baste ! Il n’est glorieux que depuis cette Inauguration ! Ces suisses qui volent à leur tache féconde sur les ailes du rail en vont éblouir Rome.

Tu n’appelleras plus Ostende que Centre d’Art. La jolie ville de paresse et de plaisir, au nom rond et léger, balancé, pareil à une barque, prend l’aspect d’une réclame. Centre d’Art ! que c’est redondant et que ça séduit la mémoire ! Curieux essai d’expansion intérieure, comme dit le maître des autres. M. Picard est puissant puisque M. Marquet est riche. Nous verrons le triomphe de la Littérature belge. À cent louis par tête ou davantage, on se paie un Paul Adam, un Barrès, un Doumer, ou l’abbé Lemire, pour que nos clients russes, anglais ou allemands, voire belges, puissent recon­naître la supériorité sur eux de nos Joly, nos Paul André, nos des Ombiaux et nos Virrès, génies à cinq cents francs. M. Picard, sénateur socialiste, qui est au fond le pire des bourgeois cléricaux réactionnaires, et qu’on nomme partout le plus intelligent des artistes parce qu’il manque autant de goût que d’esprit, a bien mérité de la patrie ni chair ni poisson dont il inventa le septancintenaire.

Mon Dieu, pourquoi dirions-nous du mal de cette série d’exhibitions de littérateurs ? J’en connais à qui le cachet fera