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JOURNAL DES REVUES
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aussi insolite sans qu’au préalable quelques générations aient interposé leur assentiment entre le philologue et le monstre avec lequel M. Counson ne se sent rien de commun. Rassurez-vous, Mon­sieur, ce ne sera pas pour aujourd’hui. L’ombre de Dante vous sera clémente. Cependant que sur les bancs des écoles vous ânonniez encore, nous cultivions dans sa patrie, toute ruisselante de nos sacrés murmures, la majesté de ce dieu fraternel. C’est pourquoi nous découvrons aujourd’hui la Beauté contemporaine, tandis que sous l’œil bienveillant d’un gouvernement paternel, vous allez égrenant d’antiques citations ; aussi nous concevons sans peine votre spirituel mépris envers ceux qui, sur l’âpre promontoire, perpétuant la race auguste du Proscrit, sont, ainsi qu’il écrivit qu’il voulait l’être, “seuls de leur parti” (Par. XVII, 61et suiv.).

Et d’ailleurs, ne l’avons-nous pas, notre Dante ? N’avons-nous pas Claudel ? Ce génie surhumain, si grand qu’un ahuri bétail plus d’une fois crut devoir l’insulter jusque dans ceux-là qui l’osaient louer, Vie Nouvelle n’a-t-elle pas été la première, dans le silence conspiré, à prononcer son nom dont