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ANTÉE

capables de s’annexer un pareil sujet, de se l’assimiler et de le rendre au public, ravissamment, ou dégoutamment, défiguré. N’est pas partial, n’a pas le droit de l’être, qui veut. Il est agréable, puisqu’aussi bien on veut à tout prix mettre de l’ordre dans les admirations du public, lui offrir de nettes classifications, que des esprits pondérés en même temps qu’éclai­rés, comme M. Gilbert, s’en occupent avec une aussi fine urbanité. M. Gilbert me fait l’effet de parler dans un salon, parmi des mondains culti­vés (il en existe encore, même en Belgique,) et il ne les heurte point par des enthousiasmes trop vifs ou par des parti-pris, mais sa franchise est parfaite à reconnaître devant eux les mérites de ceux à qui s’opposent leurs préjugés ou leur ignorance. M. Eugène Gilbert, catholique, ne fourre pas sa religion en poche, mais il est si intelligent et si bien élevé qu’il ne met jamais en question celle-ci, où elle n’a d’ailleurs que faire, et qu’on ne s’aperçoit de ses sympathies secrètes que par un coup de tambour exagéré en faveur des Ballades falotes de l’abbé Hoornaert ou de la critique, tantôt veule et tantôt hargneuse, toujours absurde et d’expression incorrecte, de M. Firmin Vandenbossch. En résumé, quelqu’un qui ne