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ANTÉE

malgré l’incitation contraire de ces vers délicieux :

J’emporte comme un fardeau léger,
Comme une gerbe de fleurs et de feuilles,
Toute l’ombre de ton verger,
Toute la lumière de ton seuil ;

Le poids est si doux qu’il m’enivre
D’un baiser de lys sur la bouche ;
Faut-il donc tout ceci pour, enfin, que tu livres
L’aveu de ton âme farouche ?

DIEU OU PAS DIEU ! roman par M. Mau­rice Beaubourg, Paris, Mercure de France.

C’est encore du plaisir, et du meilleur, que m’a donné la lecture de cette manière d’épopée. Oui, épopée que le roman de M. Beaubourg, mais épopée toute en demi-teintes, en nuances, en douceur : le pastel appliqué à la fresque. Ce songe induit l’auteur aux plus heureuses créations. Cette Rousoun, et ce Baudille, et ces luttes homériques, et « notre si Magnifique P…tain Éducatrice ! » Et ce fond de pacification par des­ sous tout cela, comme si jamais rien de définitive­ment embêtant n’arrivait dans la vie. Oui, voilà, dans cette grâce, dans cette poésie, un considérable enrichissement de l'humour à notre époque.

Fabrice.