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JOURNAL DES LIVRES
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riam, Stéphane Mallarmé, qui forme l’une des trois divisions du livre, constitue, avec Un Héros de M. Albert Mockel, le document le plus significatif que nous sachions sur l’influence morale, si importante à plusieurs égards, du grand poète. La solitude où chante M. Vielé-Griffin (est-ce qu’il y a vraiment des gens qui chantent en public ?) nous donne la sensation du plaisir — c’est à dessein que nous employons ce terme — le plus noble et le plus fin. Les courants qui passent aujourd’hui sur certaines cimes, des événements comme la publication de Plus Loin, sont en train de faire du plaisir quelque chose de vraiment humain, qu’il n’était pas jusqu’à ce jour. Certes, ce modus essendi n’avait jamais exclu aucune préten­tion. Mais il faut bien avouer qu’elles n’étaient pas fondées : on manquait de personnalité dans le plaisir. Le plaisir ne passait pas par le plus profond de la conscience, comme il se prépare maintenant à le faire : partant il n’était pas original, il n ’était pas libre au sens bergsonien du mot, il n’était pas de l’homme même. Cette matière, le plaisir, sous les doigts du créateur par excellence, le poète, — peut être héroïsée à l’égal de toute autre. Sera-t-il encore le plaisir, et nous l’aura-t-il fallu quitter pour le connaître ? J’aime à souhaiter que non,