Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ADAM
137

tes cymbales ne tarira non plus que le creux désormais d’une ruche. Puisses-tu t’abattre sur Satan et le chasser devant ton jour comme un bouc émissaire. Puisse ton feu s’allumer et ravager tant de contrées entre lui et nous que nul vivant jamais n’atteigne le milieu de leurs déserts ! Racine de mes racines, engendre ta présence parmi nous, puissé-je voir pareille à la foudre descendre ta face ici.

(Tonnerre. Fumée. Quand elle est
dissipée on voit émergeant d’un nuage
Dieu dans la figure d’un vieillard à
grande barbe blanche dont n’apparaît
que le buste.)
DIEU.

Nul jamais ne vit Dieu. Nulle pensée ne m’a conçu,

Mais les cœurs m’ont éprouvé.

Nulle parole que la mienne jamais ne m’a nommé, mais lorsque ma parole se fait entendre

Elle prononce mon nom, elle le prononce sans cesse, elle ne s’interrompt point, elle n’en prononce point d’autre.

Je verse ma parole dans l’oreille sourde et dans l’esprit aveugle et elle parvient à la conscience et