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ADAM
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SATAN.
(à Oculi qui verse des larmes.)

Tu te morfonds, grand Oculi, parce que tu sens deux hommes en toi, celui du possible et celui du réel, et que ce n’est pas sans larmes qu’ils parviennent à se concilier. Incessant duo toujours semblable à lui-même ! C’est un orchestre de peu de musiciens que tu es impuissant à faire jouer en mesure. Vraiment, en te voyant, je ne suis pas inaccessible à la pitié. Car tu le sais, Oculi, tous les sentiments sont en moi : sinon, où puiserais-je l’imagination, par laquelle j’ai fait du monde un parterre d’erreurs ? Je suis divers, non pas comme le monde, mais comme moi-même. Crois moi, mon sort est enviable : beau comme la nuit, je vais tantôt disparaître dans son sein peuplé d’astres moins ardents que mes désirs.

LE CHEF
de la Délégation du Clergé.

Mes Frères, vos méditations sont accomplies. C’est en vain, vous l’avez vu, que les hommes se proposent de souverains remèdes : il faut faire le bien petitement, — humblement, mes Frères. Ainsi le veulent, et la stabilité de la créature, et la gloire de Dieu. Vous le voyez aussi, c’est en