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PASTORALE.
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PASTORALE.



Qu’un beau midi se mire aux tranquilles bassins ;
Ou qu’un soir, desserrant les roses de son sein,
Vienne alanguir les hauts platanes des allées.
Elle quête du bois les sentes reculées.
Son pied lève un nuage au milieu du chemin,
Le temps d’une guirlande effeuillée à ses mains ;
Ore elle rame au lac où, d’entre les blancs cygnes,
Sa blancheur ondoyante aux regards la désigne,
Ore, sur la terrasse, appuyée au granit,
Elle nage des yeux dans l’azur infini ;
À quelque soin divers que son âge s’applique,
Qu’elle demeure à se bercer mélancolique,
Ou qu’elle éveille un cri joyeux dans les halliers
Quand elle joue avec ses carlins familiers,
Toujours, dans sa personne, une telle noblesse
Éclate qu’elle semble une belle déesse,
Et que, pour elle, épris d’inquiètes chaleurs,
Le gazon, sous ses pas, fait éclore des fleurs.
Douce on la nommerait, n’était qu’aux chalemies
Que j’embouche à son los elle fait l’endormie,
Et que mes chants n’ont pu, malgré ce que mon cœur