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LA MAITRESSE AMÉRICAINE
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elle lui avait tendu son pied, découvrit une fine chaussure et le bas d’une jolie jambe.

Il l’aida ensuite à marcher sur la glace. Il lui avait donné les mains. À chaque faux pas, le joli buste féminin, penchant en avant, pesait sur les bras du jeune homme qui l’arrêtaient.

Elle lui dit qu’elle avait déjà patiné, mais pas à Paris. — D’ailleurs elle n’était à Paris que depuis deux mois. Elle y séjournait l’hiver ; elle habitait avec son frère et sa tante.... Son père était en Amérique où il possédait une usine.... Jacques la complimenta sur la correction de son langage.

— Oh ! vous êtes galant et très poli comme tous les Français, répondit-elle.

Du reste elle préférait ceux-ci aux Anglais, lesquels sont brutaux. Elle proposa à Jacques de lui apprendre l’anglais et, en retour, il la reprendrait quand elle ferait des fautes de français.

Jacques entrevit déjà un hiver agréable, — en un milieu qu’il ne connaissait pas et dans la société d’une miss assez libre.

Mais comment exprimer le charme qui agit sur lui à ce moment, tandis qu’il était seul dans le bois, sur un ruisseau gelé, avec cette étrangère inconnue qui venait d’entrer dans sa vie ? Ce charme se composait d’abord d’un peu de sensualité : presser les doigts d’une jeune femme, la prendre à la taille, sentir son corps qui se meut souvent vous toucher.... puis de sentiment,