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ANTÉE

ceux de son saint patron ! Servons nous d’images idiotes : non un pied dans la tombe et l’autre dans les nuages, mais tous deux bien plantés, dans la terre qui vit, du solide présent, être celui qui recueille l’héritage sublime des morts et promet le sien, quel qu’il soit, au futur — certes — mais qui surtout, de toute son âme, se donne au jour qui luit, à la plante qui pousse, au cœur qui bat, à la pensée qui passe, à l’instant qui est !

Se donner à eux pour les mieux posséder ! Et des richesses d’un Carlyle, de ses joies et de ses angoisses, l’humanité est enrichie.

Combien nous plaît ce hargneux-bienveillant, plus en attaque qu’en défense, pensant qu’on est moins sur du beau et du vrai que du laid et du faux, et que combattre un préjugé, une erreur, une vulgarité, quand c’est gaîment, avec alacrité, c’est à la fois décrasser l’homme et le tenir joyeusement en mouvement — excellente leçon de vie.

Crever les faux grands hommes en baudruche ou les passetemps utiles d’un sculpteur de héros.

Aujourd’hui — comme une religion nouvelle. On est toujours le sectaire d’une chapelle ou l’autre, ne fut-ce que de celle des je-m'en-foutistes. Quand on marche c’est toujours vers un