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— Tu me reconduis jusqu’à la maison ?

— … Jusqu’aux étangs.

— Allons. »

Elles se mirent en marche d’un pas vif. Le froid dur leur glaçait les joues. Elles riaient doucement du plaisir d’être ensemble, de marcher l’une à côté de l’autre.

Elles se dépêchaient par plaisir, en échangeant des choses insignifiantes. Charlotte attirait les regards. Grande et remplie d’animation, les cheveux châtains fortement attachés au front, elle avait un air de bravoure qui charmait. La joie de vivre était sur son visage si abondante que cela faisait sourire. Ces sourires de hasard, saisis dans les yeux des passants, la remplissaient d’un sentiment allègre.

Elle songeait que tout le monde l’aimait et qu’elle aimait tout le monde… tous les hommes, bons et fraternels ; toute la vaillante et laborieuse humanité, pareille à la ruche et à la fourmilière.

Madeleine lui demanda :

« Qu’as-tu fait aujourd’hui ? »

Elle lui raconta sa journée : les leçons qu’elle avait écoutées, sa lecture et ses réflexions. À son tour, elle interrogea :

« Et toi, qu’as-tu fait ? »

Et Madeleine raconta ce qu’elle avait fait : les