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Puis vinrent Anna Bovie, qui tenait la tête de la Littéraire ; puis Jeanne Dhur, pâle et décharnée, minée d’exaltation et dont la flamme pour Mademoiselle Layton était devenue légendaire.

Charlotte empaqueta ses livres avec lenteur, sortit de la classe la dernière. Elle flâna dans l’escalier, dans l’espoir, vite déçu, de rencontrer Madame Abel. Le vestiaire de la Littéraire était au rez-de-chaussée, à côté du vestiaire de la Scientifique. Charlotte se heurta aux élèves de la Scientifique, ses compagnes de l’année précédente, qui sortaient du laboratoire en ôtant leurs manches de lustrine. En bas, le vestiaire était vide ; Charlotte en fut désappointée, car Madeleine Lisan lui avait promis d’être exacte. Elle songea : « Sans doute elle a été retenue à une leçon… » Bien que n’ayant que dix-neuf ans, comme son amie, Madeleine avait déjà terminé ses études, et elle avait plusieurs élèves.

« Oui, sans doute, elle a été retenue », se répéta Charlotte. Et pour attendre commodément, elle s’assit sur le tabouret qui servait à Madame Abel pour défaire ses snow-boots. Elle s’appuyait ainsi à la fenêtre étroite qui dominait une cour rectangulaire, plantée de marronniers.

Dehors, la nuit tombait ; il faisait un beau temps d’hiver. Bien que la fenêtre fût fermée,