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LA LITTÉRAIRE


Comme un bruit de pas et de voix s’appro̟chait de la porte, Charlotte se leva et referma son livre avec humeur.

Il était dix heures. La leçon de géographie allait commencer. Mademoiselle Dams entrait déjà, suivie des douze autres élèves de la Littéraire. Charlotte les suivit, pénétra avec elles dans la petite classe joyeuse et claire où le soleil de février émouvait les océans bleus des cartes de géographie. On s’installa. Mademoiselle Dams commença à parler.

C’était une personne pâle, vieillie sans avoir été jeune. Elle était sèche, avec une peau luisante, des cheveux tirés fortement et rassemblés en boule derrière la tête. Ses yeux éteints sous le lorgnon regardaient les élèves tristement.

On ne l’écoutait pas, car son débit était mesquin et ses paroles dénuées d’intérêt. Elle parlait de l’Espagne sans imagination.

Les jeunes filles somnolaient, ne feignaient pas l’attention. Une impression de fatigue et d’accablement affligeait leurs visages ; toutes songeaient à l’examen proche. Car de ces treize