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L’Iſle inconnue

le bien-être de la nourrice. Il étoit queſtion, en effet, d’épargner à Éléonore ces douleurs ſi vives, que les mères n’éprouvent que trop ſouvent dans l’allaitement de leurs enfans, ainſi que les dangers qui quelquefois l’accompagnent ; & à l’enfant, le riſque encore plus grand de ne pouvoir ſe nourrir du lait que la nature même lui a préparé. Nous employâmes, à cet égard, tous les moyens qu’elle ſemble indiquer à des parens ſages & prévoyans, en diſposant d’avance, par la ſuccion, les voies qui ſervent à porter la première nourriture dans la bouche du nourriſſon, & nous ne pùmes par la ſuite que nous applaudir du ſuccès de nos ſoins.

Dans une ſemblable circonſtance, malheur à l’époux qui dédaigneroit d’être un amant : il entendra les cris de ſon enfant demandant la ſubſiſtance, & ne pouvant l’obtenir ſur le ſein maternel. Il verra les larmes de ſa compagne, chargée de remplir ſeule, avec de cruelles douleurs, un devoir auquel ils devoient coopérer en commun. Il eſſuiera des reproches, pour s’être privé du tendre ſoin qu’il devoit remplir. Ce crime d’un père dur ou inſouciant, & ces malheurs qui le ſuivent, furent ignorés dans mon iſle ; & mon Éléonore