Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 31.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
De Bocace.

ſant avec la philoſophie, un adouciſſement aux peines de l’exil, fut condamné, comme à un ſupplice inévitablement rigoureux, de revenir à Rome, & d’y demeurer avec ſa femme. Mais c’est aſſez parler des prudes, & de celles qui par leurs airs impérieux & par leur orgueil outré, se font haïr de tous ceux qui les connoiſſent, Parlons de preſque toutes les autres.

Leur plus grand ſoin eſt de tendre des lacs à nos libertés. Pour cet effet elles ne ſe contentent pas d’employer ce que la nature leur a donné de beauté, elles y ajoutent le fard, les eaux, les pâtes, & quelquefois les philtres. Leur principale occupation est de ſe parer : elles conſultent inceſſamment leurs miroirs ; elles ſ’idolâtrent à leurs toilettes, & paſſent le quart de leur vie devant ces petits autels, que l’amour-propre dreſſe à la vanité. Il eſt certain qu’elles ne connoiſſent point de plus grande gloire, que de plaire & de paroître belles. Si elles ſavent danſer ou chanter, elles ſe ſervent admirablement de leurs avantages ; elles affectent de montrer leur gorge, quand elles ont la peau blanche : elles ont des talons d’un demi-pied de hauteur, pour ſuppléer à la petiteſſe de leur taille : enfin, elles ne négligent rien pour donner dans la vue de tous