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de Bocace

lui promit d’abandonner trois poſſédes, lorſqu’il se donneroit la peine de l’en conjurer. Il entra bientôt après dans le corps du bailli du village. Le paysan ſ’offrit de chaſſer le démon, l’on convint d’une ſomme d’argent : Belphégor tint parole, & sortit à la première conjuration. Il entre ensuite en poſſeſſion des greffier : autre ſomme promiſe, autre exorciſme, autre guériſon du démoniaque. Ces deux miracles ayant rendu Pierrot fameux, on l’employa en dernier lieu pour chaſſer le diable du corps d’un de ces gens venus de rien, qui ne ſont parens de personne, & ſont héritiers de tout le monde. Il ne manqua pas d’en tiret une ſomme conſidérable : il ſ’enrichit enfin, & Belphégor ſ’acquitta pleinement de ce qu’il avoit promis.

Quelque tems après il prit gîte dans le corps de la fille d’un roi. On a recours au fameux conjurateur ; mais il n’avoit plus de puiſſance : le nombre des cures qu’il devoit faire étoit rempli. Il se défendit long-tems de conjurer, & pour eſcuse il allégua l’impoſſibilité d’ôter le diable de la tête d’une personne du ſexe, jurant qu’il n’avoit pu en venir à bout pour ſa propre femme. L’on ne ſe paya point de ces raiſons, il fallut obéir, ou être attaché à une potence dressée tout exprès dans la place