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Voyage de Paris

qu’au paroli ; mais je me suis fait un principe de ne jamais insulter aux malheureux. Les gardes les firent habiller, pour les conduire chez le sieur Guy, leur inspecteur à Madrid ; &, sans nous embarrasser de ce qu’ils alloient devenir, nous reprîmes une grande avenue qui nous conduisit à une autre grande porte, par laquelle on sortoit de ce bois. Mon ami me dit que cet endroit se nommoit la porte Maillot ; que l’on y vendoit de fort bon vin, & me proposa de nous y rafraîchir. Je l’acceptai ; nous entrâmes dans une grande salle, où l’on nous servit ce que nous avions demandé.

Nous avons passé là une bonne heure à nous reposer, après laquelle nous avons compté & payé, & nous sommes sortis pour achever notre voyage. Quand une fois nous avons été à l’étoile, j’ai reconnu cet endroit pour y être venu polissonner bien des fois, étant au collège ; de-là nous sommes descendus à la grille des Champs Élysées, que nous avons traversés. C’étoit un jour de congé ; il y avoit alors beaucoup d’écoliers qui y jouoient au battoir & au ballon : tous ceux de ma connoissance que j’y rencontrai, me sont venus sauter au cou, & m’ont promis de venir chez moi le lendemain, pour apprendre toutes les particularités de mon voyage, qui avoit fait bien du bruit dans la gent scolastique.