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Voyage de Paris

comme le mien ; car il se sauva de moi, sans vouloir seulement que je le prisse.

En courant ainsi après lui, j’aperçus remuer, à quelques pas plus loin, un arbrisseau touffu. J’eus la curiosité de vouloir m’en approcher, pour voir ce que c’étoit ; mais ayant entendu dire qu’il y avoit dans les bois des bêtes sauvages dont il falloit se méfier, j’eus la précaution de prendre un de mes pistolets de poche d’une main, & mon couteau de chasse nu de l’autre, & je m’y rendis le plus doucement qu’il me fut possible.

Quelle fut ma surprise, grands dieux ! lorsqu’arrivé près de ce lieu, j’entendis des cris humains de gens effrayés, & à qui j’avois fait peur sans le savoir & sans le vouloir ; quelque chose que je pusse leur dire pour les rassurer, ils se sauvèrent, en criant au voleur de toutes leurs forces. Je m’imaginai d’abord, parce qu’ils étoient presque nus ; que c’étoit le nid d’un faune & d’une dryade[1] ; mais ayant regardé dans le centre de l’arbrisseau, j’y vis un habit noir, un petit manteau de même couleur, un chapeau sans agrafes, une robe de taffetas gros bleu, & le jupon pareil, un parasol violet, une coiffe

  1. Divinités des bois.