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à Saint-Cloud

longues perches & des moulinets de bois disposés à chaque côté du pont, de distance en distance, d’où pendoient de larges filets qui enveloppoient les arches de pied en cap. Je m’imaginois tantôt que c’étoit pour conserver les arches, tantôt qu’ils étoient là pour empêcher de passer les écumeurs de mer venant de Cherbourg, & qui, en cas d’obstination, s’y trouvoient pincés, comme le fut jadis Mars, cet écumeur de ménages, dans ceux de Vulcain, & enfin, que c’étoit peut-être là où l’on venoit faire la pêche de la morue & du hareng. Mais mon ami, aussi curieux que sa sœur de mon instruction, voulant achever de me débadauder entièrement, n’en laissoit échapper aucune occasion. Il profita de celle-ci, pour me dire qu’on ne pêchoit, dans ces mers-ci, ni morue, ni hareng ; que c’étoit le meûnier qui tendoit ces filets pour prendre toutes sortes de poissons d’eau douce, comme carpes, brochets, barbillons, goujons, éperlans & autres ; & que très-souvent aussi il s’y trouvoit bien des choses qui avoient été perdues à Paris ; & réellement, je me souviens que j’y avois beaucoup entendu parler des filets de Saint-Cloud, qui étoient en grande réputation pour cela. Je le pressai fort d’y descendre avec moi, ou de les lever, pour voir si je n’y trouverois point mon chapeau &