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à Saint-Cloud

tous ses attributs ; je ne pensois plus à ma mère ni à mes deux tantes ; mon régent de réthorique ne m’inquiétoit pas plus que mon chat & mon serein. Là, je jouissois de cette heureuse tranquillité que l’on ne connoît point à la ville ; je respirois un air pur, & qui n’étoit point altéré par toutes ces immondices qui infectent celui de Paris ; j’y étois d’une santé parfaite, j’y avois un appétit charmant ; j’y mangeois tous les jours, pour mon déjeûner, une douzaine de ces excellens petits gâteaux que Gautier fait avec tant de soin ; &, pour tout dire enfin, j’y vivois avec ce que j’ai de plus cher au monde sans que personne en médît, comme on auroit fait à Paris. Ah ! Saint-Cloud ! que pour moi vous avez d’attraits ! Ô campagne, que cette innocente & voluptueuse liberté, dont on jouit chez vous est adorable pour moi, & pour tous ceux qui ont le bonheur de la connoître !

Ainsi pénétré des plus sensibles regrets, il fallut cependant prendre mon parti : je montai dans ma chambre, pour y verser quelques larmes que je voulois cacher à mon ami ; sa sœur m’y suivit, sans que je m’en aperçusse : ce fut en vain qu’elle tâcha de les essuyer ; elles n’en coulèrent que plus abondamment ; aussi en fut-elle toute mouillée. Comme elle avoit autant besoin de consolation que moi, nous nous fîmes