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Voyage de Paris

nétrant, & qu’elles sont bien propres à dresser & à façonner les jeunes gens, quand elles font tant que de vouloir s’en donner la peine ; car Henriette m’en apprit plus en neuf jours, que mon régent n’avoit fait en neuf ans que j’avois été au collége ; son frère, qui y joignit ses leçons, me fit revenir de l’erreur où j’étois, par rapport à l’étendue de la terre, & à l’idée que je m’en étois figurée, & me fit sentir le ridicule du préjugé dans lequel sont élevés pour l’ordinaire tous les enfans de Paris, qui n’osent sortir de chez eux. Enfin je me trouvai dégourdi de corps & d’esprit en peu de jours, & je me promis bien, à mon retour à Paris, d’en revendre à tous mes camarades. A beau mentir qui vient de loin, disois-je en moi-même : je leur ferai croire ce que je voudrai ; ils n’oseront jamais y aller voir. C’est un privilége accordé à tous les voyageurs ; & loin d’y déroger, j’enchérirai encore sur le père Labat.

Arriva cependant le jour fixé pour retourner à Paris ; jour que je craignois autant, & encore plus encore que je n’avois appréhendé celui de mon départ de Paris ; car je m’étois déjà, & en si peu de temps, si bien accoutumé à vivre avec ma chère hôtesse, que j’aurois bien souhaité d’y passer ainsi le reste de mes jours. J’avois entièrement oublié Paris &