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à Saint-Cloud

de tonnerre, se prosternoit pour se mettre en prières. J’étois le seul qui ne se démontoit point : je ne m’étois levé que par complaisance, & dans le dessein de rassurer les autres, & surtout ma chère Henriette, que je savois être extrêmement peureuse. J’eus beau leur représenter à tous que la peur ne servoit à rien, puisqu’elle ne peut jamais nous garantir des effets de ce qu’on craint, je passai pour un impie qui ne respectoit point ce qui étoit au-dessus de lui. Je riois des extravagante je voyois faire. L’orage dura près de deux heures avec la même violence, après quoi on éteignit le cierge bénit, & chacun se retira dans sa chambre, pour se mettre au lit ; on ne se leva, que pour aller à la dernière messe ; on revint dîner. Les uns retournèrent à Paris, les autres restèrent, & je fus du nombre de des derniers. J’y passai neuf jours avec tous les plaisirs imaginables. Henriette me faisoit voir aujourd’hui son potager, demain sa vigne, après-demain son champ, ensuite son pré & son verger. J’appris comment on faisoit venir les légumes, comment on faisoit le vin, comment on semoit & moissonnoit le blé & les autres grains, comment on récoltoit le foin ; & enfin je reconnus toutes les différentes espèces de fruits. Il faut convenir que les femmes ont l’esprit bien pé-