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Voyage de Paris

gerie, d’où nous fûmes voir jouer les eaux qui commençoient : je n’ai jamais rien vu de si beau au monde. Là, deux fleuves étendus nonchalamment sur des roseaux & des joncs, penchoient une urne, dont l’eau pure & claire, qui en sortoit, retomboit en différentes cascades qui remplissoient des bassins à différens étages. Là, des naïades effrayées sembloient se cacher au fond des ondes, pour échapper à la poursuite de certains jeunes fleuves amoureux d’elles. D’un côté, une nappe d’eau, sur laquelle se baignoient des cygnes, représentoit au naturel le bain que Diane s’étoit choisi, lorsqu’elle y fut surprise par Actéon ; de l’autre, des nymphes marines, cachées dans les herbes, sembloient prendre plaisir à faire des niches aux curieux. Ici, c’étoit un lac, dont l’eau écumante se précipitoit dans le fond de la terre, pour en ressortir élastiquement & en courroux, toute en pluie dans les airs. Des routes cultivées avec soin formoient des allées à perte de vue ; des parterres immenses, émaillés de mille fleurs, & cultivés par Flore elle-même, éblouissoient les yeux par l’éclat nuancé de leurs différentes couleurs ; des bosquets enchantés, réservés aux seuls zéphyrs, y servoient de retraite aux oiseaux, dont la diversité du chant charmoit les