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Voyage de Paris

une chapelle, où un vénérable capucin, que je reconnus à la barbe pour être du Marais, nous dit la messe en action de graces de notre heureuse arrivée. Tous les voyageurs y assistèrent, & moi aussi, quoique j’en eusse entendu une à Paris. J’entrai chez un nommé Champion, pour écrire promptement à ma mère. Excepté trois ou quatre maisons bourgeoises assez passables, qui terminent ce port le long de la mer, je n’y ai rien remarqué qui méritât mes observations.

Je pris deux crocheteurs pour porter mon équipage, & un guide pour me conduire : il me fit traverser une longue forêt, au bout de laquelle nous entrâmes dans la ville, où, après en avoir passé quelques rues, nous arrivâmes enfin chez mon ami. Ce fut la charmante Henriette qui nous ouvrit la porte : je me jetai à son cou, où je restai quelque temps immobile de plaisir : elle parut en prendre autant que moi. Elle m’introduisit dans une salle où étoient son père & son frère, qui m’attendoient avec plusieurs de leurs amis. Après avoir lâché ma bordée de complimens, de bâbord & de stribord, je priai mon ami de me donner une chambre dans laquelle je pusse m’ajuster : il me conduisit lui-même dans celle qui m’étoit destinée. Quand j’eus changé de