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Voyage de Paris

à notre vue, se sauvoient dans des trous qu’ils avoient pratiqués sur les berges de cette isle dans des buissons : les perroquets y sont noirs, ont le bec jaune. J’observai ensuite qu’elle avoit été sciée par un bout, afin de former un détroit qui conduit à des habitations éloignées, qui sont de l’autre côté du rivage. Tout autre que moi auroit pris ce détroit pour celui de Gibraltar, ou tout au moins de Calais ; mais quand on sait un peu sa carte, on ne se trompe guère. Là, je vis des hommes en chemise, occupés à tirer du fond de la mer un banc de sable, qu’ils transportoient à terre dans des chaloupes : je vis tout d’un coup la nôtre qui prit le large, & se sépara de nous, pour passer ce détroit à force de rames ; elle étoit chargée de voyageurs, dont les uns alloient, à ce qu’on m’a dit au château Gaillardin, aux Molinaux, à Meudon, &c., & les autres conduisoient des enfans à Clamart, où j’appris qu’il y avoit une pension fort renommée pour l’éducation & l’instruction de la jeunesse.

Nous passâmes ensuite à la vue d’un endroit assez joli, que les gens du pays appellent Billancourt ; je ne remarquai rien qui fût digne de la curiosité d’un voyageur, sinon que ce pays-là me parut ne produire guère d’hom-