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Voyage de Paris

uns me badinèrent, & d’autres me plaignirent : cependant un d’eux, qui me parut s’intéresser le plus à moi, tira mon flacon de ma poche, & m’en frotta les tempes. Ah ! Monsieur, lui dis-je en le repoussant foiblement, laissez agir la nature ; c’est elle qui m’agite actuellement de deux impressions bien différentes ; je viens d’entendre nommer deux villes qui m’ont touché de bien près ; l’une m’a ravi impitoyablement ce que l’autre avait pris plaisir à me donner… Ah ! cher Vaugirard… Ah ! cruel Issy… Ah ! chère Julie… À ces derniers mots, que je ne prononçai qu’avec un effort, je m’évanouis ; une sueur froide, dont je me sentis saisi par tout le corps, glaça les larmes que je versois abondamment, & je ne revins qu’à force d’eau sans pareille. Mon bienfaiteur me pria de lui expliquer ce que j’avois voulu dire par les exclamations qu’il me répéta : je feignis ne me souvenir de rien, & lui dis que je rêvois apparemment dans ce moment-là ; & pour éluder sa curiosité, je me levai & repris ma lunette d’approche, avec laquelle, pour me distraire, je considérai attentivement des champs & des côteaux qui étoient couvers de petits arbrisseau qui me parurent être attachés à des manches à balais.