Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 30.djvu/362

Cette page a été validée par deux contributeurs.
340
Voyage de Paris

bourgeoises ? C’étoit là autrefois l’écueil où Caribde & Scylla prenoient plaisir à faire échouer la vertu, & à tendre des pièges aux vestales ; c’étoit le rendez-vous de la lasciveté, de l’impureté, de la prostitution, & de l’adultère, tous les vices s’y rassembloient de toutes parts ; mais tout est bien changé aujourd’hui ; Bréant est mort, & le Moulin de Javelle, que vous voyez aujourd’hui n’est que l’ombre de celui que j’ai vu de mon temps ». Qu’appelez-vous Moulin de Javelle ? Monsieur, lui repartis-je : est-ce que c’est là ce Moulin de Javelle dont j’ai vu l’histoire à la comédie françoise, à Paris ? « Oui, Monsieur, me dit-il, c’est le même pour lequel on a voulu inspirer de l’horreur aux jeunes gens, en leur représentant tous les désordres qui s’y commettoient ».

Tandis que nous causons, je n’avois point pris garde que notre corde s’étant pendue à une barque de pêcheur qui étoit au bord du rivage, elle se lâcha ; & m’étant appuyé dessus, elle manqua de me jeter à la mer, lorsqu’elle vint à se tendre ; & elle m’y auroit effectivement jeté, si je ne me fusse retenu aux hauts-bancs du grand mât. Je tombai, par bonheur, à la renverse sur le pont, & j’en fus quitte pour la peur, & pour mon chapeau & ma perruque, qui