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à Saint-Cloud

choit à nous engloutir ; & dans le lointain, des terres australes & inconnues, des prés, des bois & des montagnes arides, sur lesquelles il ne devoit croître que du vent, parce que j’y voyois beaucoup de moulins. Il n’y avoit que la vue du soleil qui me rassuroit un peu ; je le reconnoissois encore pour être le même que je voyois au Palais-royal, toutes les fois que j’y allois au méridien régler ma montre. Ô toi qui m’as toujours éclairé, lui dis-je, brillant soleil, plus beau mille fois que ne peuvent être tous les autres soleils du reste de la terre ! soleil dont je chéris la présence, ne m’abandonne point ! je suis fait à ta lumière bienfaisante ; que sais-je si celle d’un soleil étranger ne m’incommodera point ? Tiens, vois ma montre, accoutumée à être réglée sur toi seul ; elle se dérangera sans toi : puis me retournant du côté de Paris, je lui disois : Ô toi de qui je tiens le jour ! Paris, superbe Paris ! mon petit Paris ! pourquoi t’éloignes-tu ainsi de moi ? Hélas ! que ne viens-tu plutôt avec moi ! que ne me suis-tu ! que ne t’es-tu embarqué avec moi ! Je vois bien que tu es fâché contre moi, parce que je t’ai quitté si brusquement ; mais ce n’est que pour un temps ; je reviendrai, s’il plaît à dieu, bientôt ; je finirai mes jours dans ton sein : je te laisse pour gage de ma promesse ceux de ma tendresse, ma