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Voyage de Paris

les temps sont devenus si durs, on n’y voyoit plus guère que de véritables malades, qui ne pensoient point à la galanterie ; qu’elle-même n’y étoit venue depuis plus de dix ans ; que le Passy d’aujourd’hui n’étoit plus le Passy de son temps, pour les plaisirs ; & qu’enfin sa fille y étoit depuis un mois, sans… La nous fûmes interrompus par un matelot qui nous vint demander si nous descendions au port de Passy. La dame se prépara pour y descendre ; le pilote appela par trois fois, de toute sa force ; Jacob, qui en est le passager ; & Jacob, le maussade Jacob, aborda avec sa barque, dans laquelle entrèrent ceux qui voulurent descendre.

Inquiet de ce que j’allois devenir, j’allois de la proue, où j’étois, à la poupe : je montai sur le tillac, pour voir si je ne découvrirois point Paris avec ma lunette d’approche. Je m’orientai pour le trouver, & enfin je le vis sans le reconnoître : un tas de pierres, de cheminées & de clochers ne me représentoit plus Paris tel que je l’avois laissé ; je n’y distinguois plus une rue ; pas même celle de Geoffroy-l’Asnier, où je demeurois ; il me sembloit qu’il étoit abîmé depuis que j’en étois sorti ; je me figurois que cela ne seroit point arrivé, si je fusse resté. J’avois beau regarder de tous côtés, je ne voyois autour du vaisseau qu’une mer orageuse qui cher-