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à Saint-Cloud

que c’étoit le couvent des bons-hommes de Passy ; que c’étoit le seul qu’il y eût au monde ; que quoique la maison me parût très-considérable, elle étoit cependant très-mal peuplée, par la difficulté de la recruter & trouver des sujets qui conviennent à son institution ; que l’on n’a pu trouver de terrein assez étendu pour y établir un pareil couvent de bonnes femmes ; & enfin elle me dit là-dessus tout ce que l’esprit de parti lui suggéra. Nous nous trouvâmes insensiblement vis-à-vis de deux jardins charmans, fort voisins l’un de l’autre, & dont la propreté & l’ornement attirèrent toute mon attention. Je lui demandai si tout cela dépendoit encore de la France ? Elle se mit à rire de ma simplicité ; mais moi qui ne voyageois que pour apprendre, je n’avois point regret de faire les menus frais de son divertissement, pourvu qu’elle fît ceux de mon instruction. Elle me dit que ces deux jardins étoient destinés à prendre les eaux minérales de Passy ; que bien des familles étoient redevables à ces deux endroits de leur origine & de leur postérité ; que l’on y venoit de fort loin pour recouvrer la santé ; qu’il y avoit, pendant toute la saison, une compagnie choisie ; qu’il y avoit eu à la vérité autrefois quelques abus dans le grand nombre des personnes qui venoient prendre les eaux ; mais que depuis que