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Voyage de Paris

de rencontrer des écumeurs de mer, & si c’étoit par ici que j’avois passé en revenant de Pantin, où j’ai été en nourrice ? Je m’aperçus qu’à chaque question on me rioit au nez ; mais je crus que c’étoit par ressouvenir de ma culotte goudronnée : cependant, sans me dire pourquoi on rioit tant, on me tourna le dos, & je restai seul assis au pied du grand mât, où j’achevai de déjeûner.

Sur la pente douce & agréable d’une colline qui borde le rivage du côté du nord, s’élèvent des maisons sans nombre, plus jolies les unes que les autres, qui forment la perspective d’une grosse ville, que nous longions de fort près, lorsque j’aperçus à l’une de ses extrémités deux gros pavillons octogones à la romaine, ornés de girouettes percées d’un écusson respectable, & aboutissant à une terrasse qui règne le long d’un parterre charmant. Je faisois observer à un abbé qui étoit venu se mettre à côté de moi, qu’apparemment, dans le temps des croisades de la Terre-Sainte, cette ville avoit manqué d’être prise d’escalade, du côté de la mer, par les Turcs, puisque les échelles y étoient encore restées attachées au mur, ou que c’étoit peut-être ce que nos plus grands voyageurs ont nommé les Échelles du Levant : mais il me dit que ce village s’appeloit Chaillot ; que ces pa-