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Voyage de Paris

{{tiret2|sau|vages}, & quelques vaches marines, entremêlées de bœufs d’Irlande. Je demandai si ce n’étoit point là ce qu’on appeloit, dans ma mappemonde, l’isle de la Martinique, d’où nous venoit le bon sucre & le mauvais café : on me dit que non, & que cette isle, qui portoit autrefois un nom très indécent[1], portoit aujourd’hui celui de l’isle des cygnes. Je parcourus ma carte ; & comme je ne l’y trouvai point, j’en ai fait la note suivante. J’ai observé que les pâturages en doivent être excellens, à cause de la proximité de la mer, qui y fournit de l’eau de la première main ; qu’on y pourroit recueillir de fort bon beurre de Bray ; que si cette isle étoit labourée, elle produiroit de fort joli gazon, & bien frais ; que c’étoit de là sans doute que l’on tiroit ces beaux manchons de cygnes qui étoient autrefois tant à la mode ; & que, quoiqu’il n’y eût pas un arbre, il y avoit cependant bien des falourdes & bien des planches entassées les unes sur les autres à l’air. J’ai tiré de là une conséquence, que la récolte du bois & des planches étoit déjà faite dans ce pays-là, parce que le mois d’août y est plus hâtif que le mois de septembre à Paris ; qu’il n’y a point assez de

  1. On l’appeloit autrefois l’isle Maquerelle.