Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 30.djvu/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
Voyage de Paris

aperçu du bon cœur de ces animaux, en ce qu’ils sembloient ne me conduire là qu’à regret, tant ils avoient été lentement sur toute la route.

Tandis que j’étois occupé à reconnoître mon équipage, le navire fut mis à flot ; je le sentis à merveille, par un ébranlement qui m’effraya, parce qu’il me surprit. Je montai sur le tillac, pour voir la manœuvre : déjà le pont royal se retiroit, pour nous faire place, & tous les autres navires chargés de bois, qui sembloient n’être là que pour s’opposer à notre passage, se rangeoient aussi à la voix du pilote, qui juroit, comme un diable, après eux.

À peine étions-nous à la demi-rade, que plusieurs passagers ayant fait signal du bord du rivage, qu’ils vouloient s’embarquer avec nous, le capitaine a fait jeter la chaloupe en mer, pour les aller recueillir. Apparemment qu’ils avoient retenu leur place. Nous avons été tout bellement jusqu’à ce qu’ils nous aient joints, après quoi : nous nous sommes trouvés en pleine mer, vis-à-vis du nouveau carrousel, & nous avons été bon train ensuite.

Un petit vent de sud nous poussoit, & apparemment qu’il nous étoit contraire ; car on ne hissa aucune voile, pas même la misène ; mais on fit seulement force de rames, jusqu’à ce que