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Voyage de Paris

d’habits complets de différentes saisons, deux perruques neuves, un chapeau, des bas & des souliers aussi tout neufs ; & comme j’avois entendu dire qu’en voyage il ne fallait s’embarrasser de bagage sur soi que le moins que l’on pouvoit, je mis dans un grand sac de nuit tout mon nécessaire ; savoir, ma robe de chambre de callemande rayée, deux chemises à languettes, deux bonnets d’été, un bonnet de velours aurore, brodé en argent, des pantoufles, un sac à poudre, ma flûte à bec, ma carte géographique, mon compas, mon crayon, mon écritoire, un sixain de piquet, trois jeux de comète, un jeu d’oie, & mes heures. Je ne réservai, pour porter sur moi, que ma montre à réveil, mon flacon à cuvette, plein d’eau sans pareille, mes gants, des bottes, un fouet, ma redingote, des pistolets de poche, mon manchon de renard, mon parapluie de taffetas vert, ma grande canne vernissée, & mon couteau de chasse à manche d’agathe.

Tout mon équipage fut prêt en quatre jours ; il ne s’agissoit plus que de mettre ordre à mes petites affaires, tant spirituelles que temporelles. Après avoir fait une bonne & ample confession générale, je fis un testament olographe, que j’écrivis moi-même à tête reposée, en belle écriture, moitié ronde & moitié bâtarde : je