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gement a été mal fondée, & le crime qu’on trouve, dans son manque de foi, a été réellement dans la témérité de sa promesse.

2. S’il n’a pas fait tous les efforts nécessaires pour se mettre en état d’accomplir sa promesse, il a tort de dire, mon malheur me rend incapable de garder ma parole ; il doit avouer qu’il s’est mis lui-même dans cette impuissance par paresse, ou par un manque de bonne volonté ; ce qui ne signifie rien, sinon, je suis un mal-honnête homme, j’étois le maître d’accomplir ma promesse, mais je n’ai pas assez estimé le caractère d’honnête homme pour conserver ce titre aux dépens de quelques soins & de quelques efforts.

Il faut donc qu’en promettant de payer dans un tems fixe, non-seulement on ait une évidence morale de pouvoir le faire, mais encore qu’on soit industrieux à employer tous les moyens possibles pour n’y pas manquer. Il paroît par-là que la matière est fort délicale, & qu’il n’est pas si aisé qu’on le croit d’ordinaire, d’être, à cet égard, parfaitement honnête homme ; ce qui me porte à conseiller aux gens d’honneur, d’éviter, autant qu’il est possible, les promesses absolues & sans condition, non parce que la probité l’exige essentiellement, mais parce que c’est un sûr moyen de dérober sa réputation aux moindres apparences du crime.