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cas particulier d’avec une pratique constante. Je veux dire qu’il y a de la différence entre une personne qui fait valoir souvent de pareilles raisons de manquer de parole, & entre une personne qui ne s’en sert que rarement. On peut plutôt soupçonner la probité de l’un que de l’autre ; mais, dans le fond, ce n’est qu’un plus grand degré de probabilité, qui ne laisse pas de pouvoir être trompeuse. Celui qui emploie de bonne foi, à quarante différentes reprises, les raisons dont je viens de parler, est plus malheureux que celui qui ne les allègue qu’une fois ; mais il n’est pas plus coupable, si ce n’est pas un crime de manquer de parole de cette manière-là ; & si c’est un crime, celui qui le commet une fois est coupable, aussi-bien que celui qui le commet quarante fois.

Que personne ne prenne mes expressions de travers, & qu’il n’en tire point des motifs pour être prodigue en promesses inconsidérées. Le sentier dont il s’agit est glissant, & si près de l’abîme de la friponnerie, qu’on y tombe de nécessité, pour peu que le pied glisse. Il y a plusieurs choses requises pour conserver le caractère d’honnête homme, en manquant de parole.

1. Le malheur qui oblige un homme à manquer de parole, doit avoir été imprévu. Sans cela la probabilité qu’il avoit de remplir son enga-