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est constant qu’on se rend coupable d’un mensonge prémédité & de fourberie formelle ; on mérite de passer pour une ame basse, & d’être confondu avec les derniers des hommes.

D’un autre côté, ces sortes de promesses doivent être considérées, & par celui qui les fait, & par celui à qui elles sont faites, comme soumises à tous les accidens qui influent généralement sur toutes les affaires humaines, & que la prudence la plus consommée est incapable d’éviter. De cette manière, si un homme, qui s’est engagé à me payer aujourd’hui, me dit que, par un cas inattendu, il ne sauroit accomplir sa promesse, mais qu’il me payera, sans faute, la semaine prochaine, je n’ai pas le moindre droit de soupçonner sa probité.

Il n’a pas eu la moindre intention de me tromper ; il n’a rien négligé pour me satisfaire, & il lui a été impossible de prévenir l’accident qui l’empêche de remplir ses engagemens. Quoiqu’il n’ait pas limité sa promesse par la restriction mentionnée, il est évident qu’il n’est coupable ni de mensonge ni de fourberie. Si un tel débiteur mérite les noms de menteur & de mal-honnête homme, que ceux qui sont innocens à cet égard-là, lui jettent la première pierre, tout autre n’en a pas le droit.

Il est vrai qu’il est naturel de distinguer ici un