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assauts, ils se seroient peut être rendus aussi lâchement que moi & que mes semblables.

Pour mettre dans tout son jour la nature de la véritable honnêteté, & pour en tirer occasion d’établir quelques règles fondamentales de cette admirable vertu, en voici trois qui me paroissent dignes de la plus grande attention.

1. On court grand risque de faire une brêche à sa propre honnêteté, quand on a un grand penchant à relever & à censurer les foiblesses des autres.

2. Il n’est pas possible d’être honnête homme, lorsqu’on condamne son prochain légèrement, & sans être persuadé par de sottes raisons, qu’il est coupable.

3. Quand même les fautes du prochain seroient palpables, un honnête homme doit être porté à les excuser, par le sentiment de sa propre foiblesse.

Mais il est tems de revenir de cette digression & de retourner à mon but principal ; savoir, à l’exactitude avec laquelle un homme d’honneur doit accomplir ses promesses.

Je me représente ici un négociant qui vient de demander inutilement de l’argent à un de ses voisins. Quelle misère ! dit-il, je viens de chez monsieur un tel, qui m’avoit promis de me payer ; mais autant en emporte le vent : il passe pour