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le confesse ingénuement, & je prie ceux qui ont été plus justes à l’égard d’eux-mêmes, & de celui qui distribue aux hommes les penchans & les lumières, de se réjouit plutôt de leur bonheur, que de triompher de l’infirmité des autres.

Cependant, avant de se livrer à une joie si raisonnable, qu’ils examinent bien si, en toute occasion, leur conduite a répondu à leurs talens ; qu’ils se persuadent sur de bons fondemens que leur intégrité est inaltérable, & en état de soutenir les plus rudes épreuves, où les peuvent exposer une fortune délabrée, de fortes tentations, & les chagrins les plus vifs. Qu’ils ne se glorifient de rien, s’ils ne se sont pas encore trouvés dans de pareils dangers ; qu’ils ne posent les armes que lorsqu’ils auront remporté la victoire ; & quand ils se verront effectivement maîtres du champ de bataille, alors je leur rendrai justice, & je confesserai qu’ils ont moins besoin de repentance que moi.

Ce n’est pas que je prétende, comme je l’ai déjà insinué, que ces circonstances malheureuses me justifient devant Dieu ; je veux simplement insérer de ce que j’ai dit, qu’elles doivent fournir de fortes raisons aux gens raisonnables, de me juger plutôt digne de pitié que de reproches, parce que, si leur intégrité avoit souffert les mêmes