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reux pour les honnêtes gens, que vingt scélérats reconnus pour tels. Ceux-ci ressemblent à des bancs de sable, près desquels on a placé un fanal pour éloigner les pilotes ; au lieu que l’hypocrite est semblable à une fosse couverte d’herbe, ou à quelque rocher que les ondes dérobent à la vue, au milieu de la mer. Je ne sais que trop jusqu’à quel point ils sont pernicieux, & je l’ai appris à mes dépens, en me livrant avec trop de confiance, à leurs prorogations de probité. L’estime que j’ai eue toujours pour cette qualite, la plus précieuse dont le ciel favorise les hommes, n’a fait que me rendre plus propre à être la dupe de l’image extérieure de cette vertu.

À mesure que je me suis éloigné, à l’exemple de bien d’autres, de ce noble principe de l’intégrité, soit par le penchant vicieux de mon naturel, soit par la force de certains désastres & de certaines tentations, je me crois obligé de confesser que j’ai été extravagant & criminel ; j’en demande pardon à mon créateur, & j’en marque de la confusion à mon prochain.

Je me ferai un devoir d’avouer à mes lecteurs, quels qu’ils puissent être, que j’ai plus d’une fois deshonoré l’amour de mon être, & avili l’excellence de ma propre nature, en ne rendant point à ce principe de droiture, ce que je lui devoit, selon le dictamen de ma propre conscience. Je