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rassé sur l’idée de la mort & de l’éternité qui doit la suivre. Mon ami fit venir un ministre auprès de lui, qui, proportionnant ses expressions à l’imbécillité du malade, lui expliqua, du mieux qu’il lui fut possible, les matières dont je viens de parler. Ce pauvre homme qui, pendant toute sa vie, n’avoit pas eu le bonheur de donner une réponse raisonnable à la moindre question, se mit & répandre des larmes, en s’écriant : qu’il espéroit que Dieu n’exigeroit pas de lui des choses qu’il ne lui avoit pas donné le jugement de comprendre. Quoi qu’il en soit, par rapport à la divinité, qui connoît au juste les talens qu’elle a donnés à chacun, & jusqu’où peut aller l’usage qu’on est capable d’en faire, j’ose avancer, comme une vérité incontestable, qu’à l’égard de la société civile, un homme ne doit pas être responsable d’une action qui paraît évidemment procéder d’un défaut de justement.

Il y a d’autres cas, & en grand nombre, où un homme se voit ruiné d’une manière purement passive, ou par des fraudes & des vols, ou par des désastres extraordinaires ; en un mot, par des causes indépendantes de son jugement & de son honnêteté. C’est de cette manière, que le diable, par la permission divine, précipita Job tout d’un coup, de l’état le plus florissant, dans la misère la plus affreuse. Si dans une telle situa-