Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gement, dans la ruine de sa propre famille, les familles de plusieurs autres. Mais, me dira-t-on, cet homme-là est pourtant inexcusable, il a tort de s’engager dans des affaires qu’il n’a pas l’esprit de ménager ; vouloir le justifier, parce que c’est un imbécille, c’est faire la même chose qu’on vient de condamner dans l’article précédent, c’est excuser une faute par une autre.

Je ne saurois être de ce sentiment-là. Quand on me demande pourquoi un imbécile entreprend des affaires qui sont au-dessus de sa portée, je n’ai rien à répondre, sinon qu’il le fait, parce que c’est un imbécille qui ne connoît pas la portée de son esprit. Si vous voulez convaincre un homme de son manque de lumières, il faut commencer par lui donner assez de lumières pour pouvoir en être convaincu ; sans cela, il ne sauroit être persuadé de sa sottise, par cela même que c’est un sot.

Il est naturel de croire dans le fond, qu’aucun homme, n’est responsable, ni devant Dieu, ni devant le monde, des talens qu’il n’a point reçus. Je n’ai jamais entendu exprimer cette vérité d’une manière plus forte que par un certain idiot achevé, qu’un gentilhomme de ma connoissance nourrissoit dans sa maison. Ce pauvre homme étant au lit de la mort, avoit l’air extrêmement rêveur, & se montroit fort embar-