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en peu de tems, par un repentir sincère, de plus honnêtes gens aux yeux de Dieu que les prétendues gens de bien qui les déchirent d’une manière si impitoyable.

Il faut que je réponde ici à une objection fort familière à ces honnêtes gens si prompts à la censure. Vous nous parlez, me dira quelqu’un de ces messieurs-là, de tomber & de se relever, de pécher & de se repentir ; voici un drôle qui m’a attrapé une somme considérable. Il me vient chanter qu’il s’en repent, qu’il espère que Dieu lui a pardonné son crime, & qu’il y auroit de la dureté à moi à ne pas imiter le grand juge du monde ; il est fort mortifié du tort qu’il m’a fait, & il m’en demande mille pardons, c’est-à-dire, il me prie de lui permettre de ne me pas restituer mon bien. Qu’est-ce que tous ces beaux discours ont de commun avec mon argent ? Qu’il me paye, & je lui pardonnerai de tout mon cœur. Dieu lui fait la grace de ne se point souvenir de son péché, je le veux ; mais cette bonté de Dieu ne répare pas la perte que la friponnerie de cet homme m’a causée.

Tout ce que je puis répondre à cette objection, c’est que vous avez raison, si l’homme qui vient vous parler sur ce ton peut vous payer, & ne le fait pas ; car je suis persuadé que chaque faute de cette nature, doit être réparée par la restitution,