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mal-honnête homme, dit le marchand, quand j’ai perdu mon bien dans les pays étrangers, par des désastres tout aussi inévitables que ceux que vous avez rencontrés dans la patrie ; vous avez déchiré ma réputation, parce que je ne payois pas mes dettes, & cependant j’avois aussi grande envie de le faire que vous pouvez avoir à présent. « Que voulez-vous que je vous dise, répond le gentilhomme ? J’étois un insensé, je ne savois pas ce que c’étoit que la nécessité ; je vous demande mille pardons de la témérité de mon jugement ».

Poussons la supposition encore plus loin. Le négociant compose avec ses créanciers, & en partageant ce qui lui reste, dans de justes proportions, il est déchargé. Industrieux & élevé dans le négoce, il l’entreprend de nouveau, & peu à peu il rétablit ses affaires ; à la fin un heureux voyage, ou ce que les marchands appellent un grand coup, le met entièrement dans sa première fortune. Il se ressouvient de ses dettes, & conservant dans son ame les principes de l’honnêteté qui lui a toujours été naturelle, il assemble ses créanciers, & quoiqu’ils ne puissent pas l’y forcer par les voies de la justice, il leur paye exactement tout ce qu’il leur devoit encore.

D’un autre côté, le gentilhomme voyant ses affaires désespérées, sort du pays, prend le parti