Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à restituer les revenus dont il a joui. Il est absolument ruiné ; à peine lui reste-t-il de quoi fournir aux besoins les plus pressans de la vie, bien loin d’être en état de rendre l’argent qu’il a emprunté.

Retournons à présent à son voisin le marchand, qu’il a traité de mal-honnête homme & de fripon. Il a composé avec ses créanciers, il a été remis en liberté, & il rencontre dans la rue notre gentilhomme réduit à la dernière misère. Comment donc, monsieur, lui dit-il, n’avez-vous pas honte de ne point payer mon cousin, votre vieux ami, qui vous a prêté son argent si généreusement ? « Hélas ! répond le gentilhomme, il m’est impossible de le payer ; j’ai perdu tout mon bien, & il ne me reste pas même de quoi vivre ». Cela se peut, répliqua l’autre ; mais pourquoi avez-vous été assez mal-honnête pour emprunter des sommes que vous n’étiez pas sûr de pouvoir rendre ? « Ne me condamnez pas si vîte, répond le gentilhomme ; quand je lui ai emprunté cet argent, j’avois intention de le payer en honnête homme, & je ne doutois pas seulement que le gain de mon procès ne me mît en état de le faire. Mais mes espérances ont été trompées, & quoique j’aie la meilleure volonté du monde, il n’est pas possible que mes actions y répondent ». Oui, mais vous m’appeliez fripon &