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prochain aucun tort dans le sens borné de la justice humaine ; on est encore obligé d’examiner les circonstances, de les comparer aux loix & de les peser les unes & les autres dans les balances de la raison & de l’équité. En général, un créancier peut faire emprisonner celui qui refuse de lui payer une dette ; mais s’il est convaincu que le débiteur est dans une impuissance absolue de payer, la raison exige du créancier, de ne pas exercer des cruautés inutiles sur cet infortuné. On ne sauroit être honnête homme, sans être homme raisonnable.

D’ailleurs, contracter une dette, quoiqu’imprudemment, n’est pas un crime capital ; & laisser mourir un homme de faim & de misère dans la prison, punition plus affreuse que la potence, est une chose cruelle & tyrannique pour laquelle un créancier meriteroit d’être puni comme meurtrier. Les loix divines mêmes n’ont jamais permis cette rude manière de punir les débiteurs, qui peut-être a été mise en pratique parmi nous par une nécessité absolue. À cet égard elle est permise & légitime, les loix la permettent ; mais la raison doit modérer la rigueur de ces loix ; elle doit tirer des loix d’elle-même & consulter l’humanité. Pourquoi, dit l’écriture sainte, lui ôteriez-vous son lit de dessous lui ? Cette interrogation marque avec force qu’une telle