ses descendans, pour souhaiter qu’ils fussent sans cet admirable caractère. En un mot, la vénération des hommes, pour cette vertu, est si universelle, que la bénédiction générale qu’un père donne à son fils, consiste à prier Dieu de le rendre honnête homme.
Cette vertu est d’une valeur si généralement reconnue, qu’il paroît en quelque sorte inutile de la faire sentir, & l’on peut dire qu’elle est la mesure de cette droiture primitive, & de l’image de Dieu, qui sont rétablies dans la créature raisonnable.
Le grand inconvénient qui accompagne cette vertu, comme l’épine accompagne la rose, c’est l’orgueil. Il est difficile de pratiquer les devoirs d’un honnête homme sans en être orgueilleux ; & quoique cette fierté paroisse avoir du fondement, il est pourtant certain que l’honnêteté est en grand danger dans tous les cœurs où règne une vanité excessive.
Il n’y a rien au monde qui doive avoir moins de relation avec l’orgueil que la vraie honnêteté. C’est une vertu aisée, unie, naturelle, qui agit sans aucune vue d’intérêt ; &, quand un homme se vante trop de son honnêteté, je crains toujours que cette qualité ne soit en lui faible & languissante.
L’honnêteté est une plante fort délicate, qui
