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nier article. La médiſance n’eſt qu’un badinage pour eux, & ils ne ſe font qu’un jeu de prononcer des ſentences injuſtes, ou du moins précipitées & peu charitables ſur la conduite des autres.

Dans quel danger ne ſe jettent-ils pas de choquer cette loi formelle de Dieu : Tu ne porteras pas faux témoignage contre ton prochain ? Et, avec quelle affreuſe hardieſſe ne péchent-ils pas contre cette loi, quand, de propos délibéré, ils débitent comme des vérités, les calomnies les plus atroces ?

L’honnêteté, dont j’ai entrepris de parler, ne défend pas ſeulement ces groſſières branches du péché dont la langue peut ſe rendre coupable, elle défend encore toutes les inſinuations malignes. Les reproches, quoique bien fondés, qu’on ſe fait les uns aux autres, ſans être portés par la dernière néceſſité, choquent la charité comme la calomnie, quoique moindre en degré.

Il y a une certaine manière de tuer de la langue, qui, conſidérée en elle-même, eſt tout auſſi cruelle que le meurtre formel ; & quiconque ſe permet ce crime, aussi affreux qu’il eſt ordinaire, a le plus grand tort du monde de ſe ranger dans la claſſe des honnêtes gens. Le caractère d’une honnête homme eſt parfaitement incompatible avec cette licence criminelle. Mais avant que d’entrer dans ces ſortes de détails, il