réelle. Il s’enſuit que les cœurs les plus grands & les plus fermes, ſont préciſément ceux qui ſont les plus acceſſibles au repentir, & à une confeſſion généreuſe de leurs fautes. Quel dérèglement d’eſprit, de ne pas avoir honte d’une mauvaiſe action, & d’avoir honte de s’en repentir ; de ne pas craindre de pécher, mais de craindre de s’en reconnoître coupable !
Pour moi je ſoutiens qu’on ne mérite pas d’avoir place parmi les honnêtes gens, si l’on ne reconnoît pas ſes fautes, & ſur-tout ſi l’on n’a pas le courage d’avouer noblement le tort qu’on a fait à ſon prochain ; c’eſt une juſtice qu’on lui doit & au ſouverain juge du monde. Celui qui veut être honnête homme, doit être aſſez brave pour oſer dire qu’il a été mal-honnête homme. La choſe eſt toujours vraie, comme je l’ai dit, quand on ſe conſidère du côté de ſes relations avec la divinité. Il n’eſt que trop probable encore qu’elle eſt vraie auſſi, quand on refléchit uniquement ſur ſes relations avec le prochain. Où eſt l’homme qui peut ſe rendre témoignage à lui-même de n’avoir jamais été injuſte à l’égard des autres, ni dans ſes actions, ni dans ſes diſcours ?
Il y a un grand nombre de gens qui prennent hardiment le titre de gens d’honneur, & qui ne laiſſent pas de ſe négliger beaucoup ſur le der-
